Mardi 26 février EAST COAST

Courte nuit, pleine d'appréhensions... Réveil 6h30.
Petit déjeuner raisonnable et exempt de graines, fruits, gras pour éviter tout ennui gastrique sur la journée mais pour tenir quand même au corps...

Préparation du sac, des appareils photos, habillage très chaud (-22°C sur Longyearbyen)

Depuis hier, on sent à nouveau le gel au niveau des narines, c'est une sensation unique !

Et attente de la voiture qui arrive pour me prendre en premier à l'heure ! C'est le même guide que l'an dernier. Il m'a reconnue !

Nous serons six aujourd'hui, dont trois femmes. Cette précision me rassure : je ne serai pas la seule à avoir besoin d'une longue pause pipi !

Arrivée chez Better Moments, briefing sur les décharges, la sécurité, les ours polaires et le climat.

Habillage. J'essaie une nouvelle technique, mettre les bottes en premier et ouvrir entièrement les jambes de la combinaison pour l'enfiler après. C'est plus facile mais il me faut quand même du 43 !
Après trois changements de chaussures, je suis quand même la première prête.

Briefing sur la conduite et on part. Direct une demi-heure ! Le guide trace la route à 40 km/h ! C'est la vitesse de pointe des tours "courts" et là, c'est un "slow start"... Je suis juste derrière le guide, la file s'étire et quand on s'arrête, après un "good drive" de la part du guide, on attend au moins deux minutes que les autres arrivent...
Du coup, le guide m'envoie en dernier, c'est un peu agaçant, j'aime bien suivre les traces du guide, moi aussi !

On suit la Machin-Truc-er- Valley pendant un long moment, puis on monte sur une colline pour avoir un point de vue à la croisée de deux vallées. La personne devant moi a vraiment du mal à monter. Ca monte raide et les motos sont inclinées. Elle panique et ralentit beaucoup trop, je suis obligée de freiner. Le guide redescend à pied pour l'aider.

D'en haut on a une belle vue sur la Machin-Truc-er- Valley et la Bidule-Chose-er-Valley : en rose et bleu.
Je change de batterie toutes les deux ou trois photos... Je sacrifie un chauffe-main pour le mettre avec mes batteries mais c'est assez peu efficace...

On redescend et on prend la Bidule-Chose-er-Valley qui doit faire trente kilomètres au minimum !

Ensuite, on entre dans la moraine du glacier (Truc-Bidule-er-Glacier) et les choses se compliquent ! Ce sont de gros tas de sédiments et de gros rochers assez serrés entre lesquels il faut slalomer en pente, c'est assez physique, il faut s'asseoir à côté de la moto à droite ou à gauche pour faire contre poids du côté le plus haut. C'est stressant et fatigant. J'ai peur de me renverser.

A un moment donné, le guide fait arrêter tout le monde, on doit laisser les motos tourner et monter une colline à pieds. Je descends de ma snow-mobile et il me dit que si je veux, je peux aider et "practice my technical driving"... euh... ça m'évite de monter la colline à pieds mais bon, je ne suis pas rassurée. Il monte sa moto et son traineau plus trois motos, j'en monte deux et la mienne en dernier. Bien sûr, je me vautre en descendant la colline entre deux voyages, avec mes bottes en 43... la tête la première dans la neige mais ça va !

Chacun reprend sa snow-mobile et sa place dans la file et nous continuons à slalomer jusqu'au glacier lui-même. On fait un arrêt devant un énorme bloc de glace bleue (parmi d'autres)...

Le guide nous donne des infos sur le glacier et pendant que certains grimpent autour du bloc de glace (je ne m'y aventure pas avec ces bottes), il me dit que si je viens tous les ans et avec mon "good driving", ça reviendrait moins cher de louer une moto-neige et de me payer des cours de tir et d'orientation. Oui, merci, mais je ne vais pas venir tous les ans et j'aime bien quand il y a un guide et je ne suis pas aussi certaine que lui de mon "good driving"...

On attaque le glacier : défense de s'arrêter et interdiction absolue de descendre de moto pour n'importe quelle raison !
On monte, on monte, on monte, on monte et on monte encore et il n'y a plus que du blanc autour de nous, c'est l'arctique comme on l'imagine, de la glace à perte de vue !

On change de "bras" du glacier pour redescendre, c'est long et un peu technique. On arrive vers la côte Est, ça y est. On descend encore et encore et enfin on est dans la Moon Bay !

On fait un tour rapide de l'horizon avec les jumelles mais d'ours en vue...

Déjeuner : soupe au curry et au poulet dans des thermos et jus de cassis chaud.
Puis, c'est la pause pipi... Je crois que je n'ai jamais eu aussi froid aux fesses et aux mains ! Autant, maintenant j'arrive à manger avec des gants, autant, je n'arrive pas à faire pipi avec des gants...
Quand je reviens vers le groupe, je n'arrive plus à bouger mes doigts, je pleure... tellement ça fait mal. J'ai ouvert deux chauffe-mains mais il faut attendre qu'ils s'activent. Le guide me conseille de mettre mes mains dans la combinaison, sous les aisselles mais j'ai déjà mon masque sous une aisselle (pour le faire dégeler) et mon appareil photo sous l'autre... C'est compliqué !

Je finis par me réchauffer un peu. Le guide dit qu'il fait -39 mais qu'avec le vent, on peut facilement enlever 15° de plus pour avoir la température ressentie...

On part sur la banquise pour chercher un ours... C'est impressionnant, il y a des crevasses, les plaques craquent sous notre poids, c'est un bruit que je ne connaissais pas.

On longe les glaciers de l'autre côté de la baie et... on finit par apercevoir un ours au loin !
(Photo retaillée...)

Plus loin, le guide me propose un peu de conduite sur glace lisse, je lui dis que je n'ai fait que tourner sur moi-même l'an dernier. Il me donne des conseils et j'y arrive à peu près, jusqu'au moment de faire demi-tour ou je me mets à faire des ronds sur place ! Les autres attendent.

Nous repartons ensuite sur le glacier. Le guide ne s'arrête pas avant la moraine... Ca fait long et je fatigue.
Il fait descendre tout le monde pour une descente difficile et il me propose encore de conduire. Je suis fatiguée, je ne descends que ma propre moto-neige. Lui, s'occupe de toutes les autres en moins de cinq minutes...
C'est la pause qu'il nous accorde et on repart. Ca tourne et ça vire entre les rochers... C'est épuisant !

On fait un briefing avant les vallées aux noms bizarres et il nous annonce qu'on fera les deux à la suite sans pause. J'ai un petit coup de mou au départ...
On roule entre 50 et 75 km/h. Je n'y vois plus dans le noir avec mon masque teinté, j'ai la peau du visage qui brûle horriblement ! Quand je touche mes yeux, je sens les larmes gelées, les cils qui crissent sous le gel et quand je cligne des yeux, il y a un dixième de seconde de latence avant que je puisse les ouvrir à nouveau. Mes cils se collent entre eux comme des aimants et je dois faire un effort pour rouvrir les paupières à chaque clignement !

Après 1h15, on voit les premières lumières de la mine avant Longyearbyen. Une pause de dix minutes, je sens que ma peau est gonflée... Une demi-heure de plus et on arrive chez Better Moments : 216 km. Yes, il nous épargne la corvée d'essence !

On se déshabille, on se rhabille et on fait le point sur la journée autour d'un verre d'Aquavit (berk) !

Retour dans les hôtels, j'ai froid !

Je file à la douche où je reste un long moment. Ma peau est brûlée au niveau du cou, des pommettes et des yeux... c'est gonflé.

Mon copain s'est bien occupé en ville : tour des rues, du port, duty free, etc...

Dîner sushis sur le lit, miam ! La soupe de ramen réchauffe bien aussi !

Dodo, demain, réveil tôt...