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Heureu[se] qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage [...] Et puis est retourné[e], plein d'usage et raison !

L'APPEL DU LARGE : Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le coeur gros de rancune et de désirs amers, Et nous allons, suivant le rythme de la lame, Berçant notre infini sur le fini des mers. Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s’écartent, Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! Amer savoir, celui qu’on tire du voyage ! Le monde, monotone et petit, aujourd’hui, Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image : Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui !

J7 : La côte Est, à la recherche de l'ursus maritimus

Publié le 17 Février 2018 par Number 3 in hiver, miam-miam, Scandinavie, Spitzberg, animaux, contacts, Nord, Norvège, moto-neige

Courte nuit, beaucoup de bruit dans l’hôtel, l’excitation des aurores boréales et un peu d’appréhension pour la grande expédition d’aujourd’hui…

Petit déjeuner généreux mais pas trop arrosé, j’aimerais limiter les pauses pipis à une seule sur la journée… Une tartine salée (une charcuterie bizarre et du fromage), deux tartines sucrées (myrtilles !) et je fais l’impasse sur le yaourt et le muesli car j’ai remarqué que leurs graines n’étaient pas très digestes et ce n’est pas le jour pour être malade !

Je fais tomber une bonne cuillère de compote de myrtilles sur mon pantalon de ski et mes chaussons… pas grave, ça devrait attirer les ours !!!

En France, j’ai du mal à garder les ongles propres à cause des feutres Velléda qui font une poussière noire bien tenace et ici, j’ai les ongles bleus à cause de la compote de myrtilles et de la boisson au cassis qu’ils servent chaude à toutes les excursions et qu’ils appellent « toddy » (prononcer todé). J’en ai déjà plein sur mes gants tout neufs…

 

Habillage complet, c’est-à-dire que je mets sur moi tous les pantalons que j’ai (trois leggings, un pantalon en polaire et mon pantalon de ski à la myrtille) et par-dessus un tee-shirt thermiques à manches longues, tous les hauts en laine que j’ai amenés (quatre au total). Je termine avec une veste en polaire et mon blouson. Je mets mon « buff », mon tour de coup en polaire, mon bonnet, ma chapka, mes gants fins et mes moufles et je suis prête à descendre !
En bas, j’enlève mes moufles et mes gants parce que bien sûr, il faut que je mette mes bottes et que je fasse mes lacets… ça commence à m’agacer cette affaire !

Et je me traîne toute engoncée jusqu’au parking de l’hôtel devant le bâtiment principal.
Il y a un couple d’Anglais qui attend pour la même expédition que moi.
La camionnette de Better Moments arrive et on s’entasse avec déjà deux « frangins » Norvégiens (qui se tiendront souvent la main pendant la journée).
Notre guide est Alan, il ressemble vaguement à Matt Damon dans ses rôles intellos. Il y a aussi Katherine qui est apprentie guide (trainee). Elle nous accompagnera toute la journée pour apprendre et aider Alan. Elle est Suisse.
Alan est très Norvégien, il nous indique la porte de la camionnette et nous dit de monter mais ne nous l’ouvre pas, il me signale que j’ai fait tomber un gant mais ne le ramasse pas, ce genre de choses qu’on ferait entre français mais qui ici ne viennent pas à l’idée des gens…
On s’entasse donc et on part chercher une autre voyageuse solitaire dans un hôtel chic. Elle est Australienne, pas du tout habillée pour le climat et a un peu peur.
Allan lui demande si elle a bien son permis, oui mais là, le couple d’anglais demande si on peut faire demi-tour… ils ont oublié les leurs… « Sorry about that », ils vont le répéter souvent dans la journée et on sent ben qu’Alan est déjà un peu agacé… Surtout qu’ils sont à l’arrière au fond de la camionnette et qu’ils font descendre tout le monde pour aller chercher leurs permis de conduire sans se presser…

Bref, on arrive aux head quarters de Better Moments, on laisse les chaussures et les blousons et on a droit au brieffing sur nos responsabilités, blablabla et aussi sur la journée, le climat, notre itinéraire, notre vitesse, etc... L’Anglaise avait prévu d’être passagère. Alan le lui déconseille fortement et elle paie le supplément pour avoir sa propre motoneige.
Il nous met en garde contre les frostbites, je montre les miennes, ça fait peur à l’Australienne…

Habillage ! Alan me tend gentiment une combinaison L… Je lui dis que ça n’ira pas, il me conseille d’essayer quand même… Je prends une suée pour rien ! On passe à la XL.
Better Moments fournit un équipement à l’aspect moins neuf qu’Hurtigruten mais au moins, il est complet, il n’y a pas de peau à découvert (sauf le bout du nez…)
Donc combinaison, bottes « poral approved » (c’est marqué dessous), balaclava, masque pour le visage qui ne laisse dépasser que le bout du nez, goggles (masque pour les yeux), casque et moufles de cuire qui montent jusqu’aux coudes. Je garde mes gants fins et mon buff dessous.

Les pingouins sont prêts et on se dandine jusqu’aux motoneiges, on choisit la nôtre et Alan donne les dernières instructions. On essaiera de garder une vitesse moyenne de 60km/h, on va aller doucement pendant une petite demi-heure le temps de nous familiariser avec les motos et ensuite on accélèrera un peu. Ok…
Pour la première sortie, on avait dû conduire à 25/35 km/h avec un départ à 10 km/h. Pour aller à Templefjord, on allait bon train à 45/55 km/h. Là, Alan démarre à 30 km/h.
On s’arrête pour vérifier que tout va bien, il nous donne quelques conseils, nous montre le geste qu’il fera pour s’arrêter et celui pour redémarrer, puis on repart, il ne faut pas traîner, on a de la distance à faire ! On sort de la vallée et on monte sur les collines dans la neige vierge, c’est très agréable comme conduite ! Et on fille à un bon 75 km/h ! 

J’oublie tout : le nez qui coule dans le masque, mon bas de pantalon qui est mal mis dans ma botte droite, mon gant intérieur qui fait un pli dans ma paume gauche, le casque qui serre, la culotte qui tire… je suis concentrée sur la conduite et le paysage !

On s’arrête en haut d’une colline pour une vue superbe, quelques photos, ma première batterie rend l’âme. J’ouvre un sachet de hand warmers que je mets dans une poche isolée de ma combinaison avec le reste des batteries…


Alan nous donne « a short lesson on how to drive on steep slope… Toute la journée, il va nous donner des « short lessons on how to drive on different terrains »… Le freinage est particulier, jusqu’ici, je n’avais pas eu à freiner, il suffisait d’arrêter d’accélérer pour que la moto stoppe. Il faut faire du « brake pumping », si on maintient la poignée de frein enfoncée sans pomper, on risque de se retrouver dans le décor d’abord et ensuite, de la voir geler dans cette position ce qui est peu pratique…

Pas de souci pour descendre même si c’est fatigant.
J’ai déjà conduit une motoneige au Montana. J’avais trouvé cela très lourd à manœuvrer et les virages difficiles à prendre. Ici, j’ai compris qu’il ne servait à rien de se pencher à droite ou à gauche dans les virages ou quand la moto est inclinée. Non, il faut vraiment déplacer tout son corps, s’assoir à côté la selle et alterner ainsi de droite à gauche un pliant bien les genoux en fonction du virage ou de l’inclinaison. Il est ainsi beaucoup plus facile de manœuvrer l’engin mais c’est plus fatigant !

On part dans une vallée sur un fjord gelé. Avec de la vitesse, c’est plus facile que l’avant-veille. J’avais trouvé ça très bruyant et chaotique : des morceaux de glace cassés et repris font que ça secoue énormément et que les skis font un bruit d’enfer dessus mais en roulant vite, ça passe beaucoup mieux et ça secoue moins. C’est joli mais pas tellement différent de ce que j’ai vu pour aller à Templefjord.

 


 

Nous croisons un troupeau de rennes arctiques. C’est impressionnant. On ralentit pour les observer, ils n’ont pas peur mais il est interdit de s’arrêter. Je ne peux pas conduire sans mes moufles et je ne peux pas attraper l’appareil sans les enlever, donc ce sera des souvenirs dans la tête uniquement ! Ils sont grands avec un cou énorme, musclé pour pouvoir creuser la neige et chercher un peu de rares végétaux.

Nous approchons ensuite des glaciers, il commence à faire vraiment froid !
Alan nous a expliqué que la partie Ouest du Spitsberg était effectivement protégée par le Gulf Stream qui rend les températures anormalement douces pour cette latitude mais le centre et l’Est ne sont pas ainsi protégés et on y retrouve des températures polaires, semblables à celles du Nord du Groenland et des îles russes inhabitées du du Nord…
L’Est du Svalbard n’a jamais été exploité pour les ressources de son sous-sol, les trappeurs ne s’y sont jamais installés pour plus de quelques jours et les scientifiques n’y font que quelques passages. C’est une terre très inhospitalière sauf pour les ours polaires !

 

En bas, d’un glacier, nous faisons une pose près des blocs de glace bleue. Quelques photos et Alan se déride ! Il est tout excité parce que ça fait quelques mois qu’il n’a pas vu le soleil et du haut de ce glacier, c’est magnifique. Il veut y monter pendant qu’on observe la glace. Comme il y a Katherine qui est armée, elle aussi, c’est possible. Il propose à ceux qui se sentent « confident on the driving » de le suivre : il désigne, les deux « frangins » et… moi !!! J’hésite un peu et j’y vais !

Une fois sur le glacier, avant de monter, il nous donne « a short lesson on how to drive on a glacier »… et ça m’inquiète beaucoup !
Le glacier est couvert de neige vierge. Il nous explique qu’il connaît bien le glacier et qu’on doit suivre sa trace, que le glacier n’a pas de trous suffisamment larges pour « avaler » une motoneige qui roule à plus de 30km/h, on ne doit donc pas s’arrêter et surtout quoi qu’il arrive, ne pas descendre de la moto. Il précise que là où il va passer, des « ponts de neige » risquent de tomber mais de ne pas nous inquiéter et de le suivre que la moto ne risque pas de tomber dans les trous…
J’ai un gros doute et j’ai envie de redescendre avec Katherine mais ce n’est pas possible, donc je suis Alan.

Effectivement, là où il passe, de la neige tombe et on voit des trous noirs. J’essaie de ne pas trop regarder et de me concentrer sur les phares de la moto d’Alan, c’est très impressionnant et nerveusement éprouvant !
Ok, en haut, je me rends compte que ça valait le coup, la vue est à couper le souffle ! Je ne regrette pas, mais quand même, je n’étais pas fière !

 


La descente n’est pas évidente, on la fait en penchant constamment à droite ou à gauche, il faut tout le temps changer de côté sur la moto… Enfin, on rejoint les autres qui ont l’air d’avoir bien froid !

Et c’est reparti ! On ne s’arrête généralement pas plus de cinq minutes. Le temps d’attraper mon appareil photo, de changer la batterie, de faire trois photos, de me geler les doigts et de remettre les moufles, le masque et de repartir…

Très vite, il va me falloir aussi prendre le temps de gratter l’intérieur de mes goggles. La respiration fait de la condensation qui gèle et je n’y vois pas grand-chose. J’essaie plusieurs techniques : gratter avec les ongles (j’oublie très vite cette idée, enlever les gants est insupportable) et chauffer en frottant sur la joue et essayer d’absorber le plus possible de glace fondue avec un kleenex (c’est assez peu efficace)…
A propos des kleenex, je ne sais plus si je vous ai dit qu’un rhume par ces températures était assez désagréable alors au risque de me répéter : c’est très pénible ! Il n’y a pas de stalactites qui pendent du nez mais avoir de la glace dans les narines c’est particulier ! On ne peut pas se moucher très souvent car il faut réussir à attraper le paquet de kleenex dans la poche de la combinaison et avec des moufles, c’est impossible, avec des gants, c’est difficile et sans gants, c’est très douloureux. Ensuite, il faut sortir le kleenex du paquet, même combat… et enfin, il faut savoir que les mouchoirs sont à usage unique obligatoire car une fois utilisé, on n’a pas un mouchoir froissé vaguement humide comme par chez nous, non non non, on obtient un petit glaçon qu’il est impossible de déplier à nouveau ! Bref, il vaut mieux renifler et faire avec la glace dans les narines… Bref, revenons à nos motos !

 

Nous attaquons ensuite, cette fois tous ensemble, le deuxième plus grand glacier du Svalbard (et d’Europe d’après Alan…). La montée est moins difficile, il n’y a pas de trous.
Alan a quand même donné la consigne de ne jamais descendre de sa moto.
En haut, on a enfin une vue sur la mer gelée !

Alan reste sur les repose-pieds de sa moto et avec une grande tige qui ressemble à une antenne de voiture télescopique d’environ cinq mètres, il pique la neige autour de sa moto. A un endroit, il enfonce la tige jusqu’à sa main ! Il décide que ce n’est pas « safe » et on repart.
A l’arrêt suivant, il enfonce sa tige de seulement deux mètres. Il descend de sa motoneige et fait le tour en piquant tous les cinquante centimètres. Il fait comme ça le tour de toutes les motoneiges (on se range toujours en ligne, côte à côte) et dessine un périmètre de deux mètres autour des motoneiges. Il nous informe que nous pouvons descendre mais de ne pas aller marcher au-delà des endroits qu’il a piqués. C’est sérieux !

A table ! Pour le repas, c’est mieux que chez Hurtigruten : nous avons chacun un petit thermos avec une soupe / ragout au poulet au curry et une cuillère en bois. J’arrive à tenir la cuillère avec mes gants (bon investissement) et on ne risque pas de se coller les lèvres sur le bois.
C’est bon, assez chaud et ça fait du bien. Encore une fois, je ne mange pas assez vite, le fond de mon thermos gèle avant que j’ai le temps de le finir. Pourtant, j’ai mangé comme un cochon, j’ai mis de la soupe jaune sur mon masque et le haut de ma combinaison. Bien sûr, j’ai le réflexe d’essuyer mais ça a déjà gelé sur le tissu… Je ne suis pas la seule à arborer des trainées jaunes sur ma combinaison.
Pour le masque, c’est un peu plus spécial, je vais sentir le curry pour le reste de la journée !


Après le repas, c’est l’heure du toddy. Le sirop est gelé ! Katherine le fait vaguement fondre sur le pot d’échappement de sa moto. Elle le verse rapidement dans le couvercle des thermos et ajoute l’eau chaude qui fume comme si elle bouillait mais est en fait tout juste tiède. Je le bois rapidement et je me pose ensuite la question de la pause pipi… L’Australienne verbalise rapidement cette question, Alan, répond qu’il nous dira quand ce sera le moment. Ah… ok…
Il regarde la température et nous annonce qu’il fait -43° !!! Ok, je peux attendre avant de mettre mes fesses à l’air !

Même avec les gants, sans les moufles, j’ai très mal aux doigts et froid aux pieds. L’Australienne dira qu’elle n’a jamais eu aussi mal aux orteils. On n’ose pas trop taper du pied sur le glacier ! La pause déjeuner ne dure pas et on repart. Les poignées chauffantes des motos font un bien fou !
La descente vers la mer est assez « technical » et épuisante, ça réchauffe !

Alan me dit que j’ai « a very technical driving » et il me demande s’il y a beaucoup de neige et de glace par chez moi… Euh, comment dire, non, pas du tout. Il a dû neiger un demi-centimètre qui a tenu une petite heure en janvier… Il me demande alors où j’ai appris à conduire une motoneige. Je lui explique que je suis allée à Templefjord l’avant-veille et que je me suis retrouvée sous la motoneige. D’après lui, c’est la meilleure des leçons et je suis « a fast learner » !
Pendant qu’il discute avec moi, Alan arme son « flare gun » qu’il met à sa ceinture et charge son fusil et l’installe en bandoulière. Il demande à sa trainee de faire pareil. Les ours polaires ne sont pas loin !
J’ai lu une affiche en ville, il est interdit de chercher les ours polaires et de les approcher mais si l’un d’eux s’approche ou charge, il n’est pas interdit de tirer et il faut tirer pour le tuer en visant le cœur ou la poitrine… Tout d’un coup je ne suis plus si sure d’avoir envie d’en voir un !

On longe la côte, la mer est gelée, il y a des icebergs. On entre dans ce qu’il appelle la « Moon Marina ». Il s’arrête, on ne doit pas couper les moteurs ou descendre de moto, il scrute la côte avec les jumelles, on repart doucement. Il nous montre des traces d’ours dans la neige, je prends une photo.

Il scrute encore la côte. La « marina » forme un arrondi, il pense que l’ours est peut-être sur la côte en face, il regarde longuement avec ses jumelles…

 


On avance doucement, il conduit debout, les jumelles devant les yeux. Il fait non de la tête…
On contourne un rocher, toujours tout doucement et puis Alan se lève, fait le signe du départ et accélère tout de suite. A côté du rocher, entre la côte et nous, il y a un énorme ours polaire tout mouillé ! Il est vraiment énorme, Alan nous dira plus tard que c’était un gros mâle. Il nous regarde, j’aimerais le prendre en photo mais il ne faut pas s’arrêter et en même temps, je ne suis pas tranquille !
On s’éloigne rapidement… J’ai vu un ours polaire ! Et je l’ai vu de près !!! On était parti avec l’espoir de pouvoir en observer un avec des jumelles et on est passé à moins de cinquante mètres d’un énorme !

On conduit cinq-dix minutes et on s’arrête. Alan nous explique qu’il n’en a jamais vu un d’aussi près !
Il dit que la population des ours du Svalbard n’a pas diminué avec le réchauffement climatique mais qu’ils sont beaucoup moins gros qu’avant. Celui que nous avons vu est un très gros pour les standards actuels alors qu’il y a dix ans, il aurait été dans la norme.

On le cherche avec les jumelles mais on ne le voit plus, alors on repart.

On quitte la « Moon Marina » et on s’approche vraiment de la côte. Katherine rappelle à Alan qu’il serait bon de faire une « bathroom break ». Elle installe sa moto à une dizaine de mètres des autres et nous dit qu’on peut y aller. L’Anglaise y va en premier et elle s’en met partout… Après les explications du guide de Templefjord, j’étais très dubitative. Il faut enlever le haut de la combinaison, retirer les bretelles, la baisser, descendre tous les pantalons qu’on a en-dessous (cinq pour moi), la culotte et se débrouiller entre tout ça pour faire passer la partie supérieure de la combinaison entre ses jambes sous les pantalons au niveau des chevilles pour ne pas pisser dessus, s’accroupir  et éviter de tomber les fesses dans la neige ! Il paraît que c’est très « easy » mais comme c’est un homme qui m’a expliqué ça, j’ai anticipé et j’ai amené un gobelet. Je baisse donc tous mes vêtements et je fais dans mon gobelet, la partie la plus compliquée est de couper le robinet à tant, de vider le gobelet rapidement, avant que le contenu ne gèle et d’éviter de le renverser dans la combinaison… Je ne m’en sors pas trop mal et je remets le tout dans un Ziploc. Le temps de me rhabiller et je claque des dents !
Pendant que je me rhabille, l’Australienne couine qu’elle n’y arrivera jamais et qu’elle va se retenir. La guide lui explique qu’on est à mi-parcours seulement et que ce n’est pas possible… La pauvre tombe les fesses dans la neige. La guide va l’aider et lui tient sa combinaison.
Quelle chance d’avoir eu une trainee femme !
L’Australienne conclura : « that was an experience » !

 

Après cette expérience enrichissante, Alan propose à ceux qui maîtrisent bien la motoneige de s’essayer au « sea ice driving ». Le plus jeune des Norvégiens et moi le suivons.
Il nous donne encore « a short lesson on how to drive on sea ice » : si on va tout droit, il faut aller vite, si on cherche à tourner, il faut aller lentement et ne jamais freiner. A 60km/h, c’est… une patinoire ! C’est amusant jusqu’à ce qu’il faille faire demi-tour et que je me retrouve à tourner sur moi-même sans m’arrêter…
J’aimerais bien qu’Alan propose de mettre ma moto dans l’axe mais ce n’est pas dans la nature Norvégienne… Il s’approche et m’explique que je vais bien finir par m’arrêter de tourner dans la bonne direction. Super, ça m’aide beaucoup.
Finalement, il avait raison et on repart. En ligne droite, c’est grisant mais je fais bien attention à ne pas avoir à manœuvrer autour des icebergs !

On retrouve les autres qui boivent un toddy.

 

Et puis c’est le voyage retour. La nuit tombe, Alan conduit vite. Il s’arrête simplement pour vérifier que tout va bien. Le bout de mon nez pique, je le lui signale lors d’un arrêt, il regarde avec sa lampe et effectivement, il est blanc. Il me conseille de mettre le masque à l’envers pour qu’il n’y ait plus de trou. J’essaie mais c’est difficile de respirer et si je respire avec la bouche, je gèle mes goggles encore plus… Je dégèle mon bout de nez et je mets mon Buff par-dessus.

Le trajet est fatigant, les endroits techniques sont délicats dans le noir. J’ai mal aux bras et aux poignets. On monte à 80km/h. C’est la limite autorisé au Svalbard.

Enfin, on aperçoit les lumières de Longyearbyen, il reste une demi-heure, c’est une longue demi-heure !
En ville, il faut faire le plein et c’est l’heure de pointe à la station des motoneiges ! Se ranger à côté de la pompe n’est pas évident mais finalement on y passe tous et enfin, retour aux head quarters !

 

Déshabillage, on se sent plus léger ! Retour sur le trajet effectué sur la carte, commentaires divers et comme l’autre soir, on nous propose un gobelet d’ « Akvavit ». Cette fois, j’accepte en me disant que ça me réchauffera peut-être : mais que c’est mauvais ce truc !!!
Devant ma grimace, le guide me demande si je trouve ça fort. C’est fort mais c’est surtout très sucré ! L’Anglais commente « stong and sweet like today ». Mouais… berk ! C’est sirupeux, ça a un vague goût d’aneth et on dirait que c’est huileux en bouche !

Là-dessus, on repart en camionnette vers nos hôtels respectifs. Alan nous demande si on préfère être déposé dans un bar ou un restaurant. Le plus âgé des deux Norvégiens lui demande s’il peut le déposer directement « in bed ». Je suis déposée en dernier, une douche, des nouilles chinoises et dodo !

Once again, what a day ! J'ai vu un ours polaire !!!
Fantastique mais pas à faire tous les jours !